Pour comprendre la géopolitique, il faut lire des romans
Si se plonger dans un guide touristique ou un manuel d’histoire est souvent le premier réflexe pour comprendre un pays, réflexe parfaitement logique et utile, la plongée dans sa littérature est souvent le pas de côté qui change tout dans notre regard et notre compréhension.
Si vous installez vos activités en France, mon pays d’origine, je vous recommanderais en première intention, de lire Zola pour comprendre les mutations économiques, politiques et surtout humaines qui ont traversé la France au début de la révolution industrielle et façonnées le Nord minier d’hier ou encore le Paris d’aujourd’hui. Et qui apporte un éclairage fondamental sur tous les débats sociaux qui souvent traversent ce pays.
Si vous souhaitez des clés de compréhension sur la Russie d’aujourd’hui, je vous dirais sans hésiter de vous plonger dans ce roman incroyable qu’est Le Mage du Kremlin de Guiliano da Empoli, qui emprunte à la geste littéraire russe sa structure et qui offre une plongée vertigineuse dans les coulisses de l’avènement de Poutine et du contexte économique et social qui l’a permis. Mais je vous dirai aussi de relire Nina Berberova pour vous souvenir qu’il fut un temps où les liens entre l’Europe et la Russie étaient d’une autre nature.
Si vous regardez avec fascination le Nigeria, pays où j’ai vécu toute ma petite enfance et fait toute ma maternelle dans une école ibo d’Owerri , je vous dirais que je commence juste à découvrir sa littérature et je vous recommanderais chaudement deux romans récents sur la jeunesse nigériane, son énergie mais aussi ses questionnements : Nuit Nigeriane de Mélanie Birgelen et La mort de Vivek Oji de Akwaeke Emezi.
Bien sûr, chacun de ces romans offre un certain regard et un point de vue particulier, mais la géopolitique est justement faite d’une multitude de points de vue particuliers et de signaux faibles. Charge à nous de réussir à les analyser et les comprendre de manière systémique pour en tirer des conséquences et des solutions.