Des superprofits des grands groupes du CAC40 (profits en grande partie redistribués aux actionnaires) à la cession intégrale de Patagonia à la Terre, tout le monde n’a pas la même vision de ce à quoi servent les profits. Alors plutôt que de limiter le débat à l’opportunité ou non de la taxation, pourquoi ne pas engager une réflexion plus large sur une nouvelle manière d’orienter les profits ?
Le débat est vieux comme le monde mais demeure encore un angle mort même si un certain nombre de modèles prennent pour partie ce sujet en compte (modèle mutualiste par exemple). La règle, dans sa version simplifiée, veut que les profits rémunèrent en priorité les actionnaires, parce qu’ils ont investi et pris des risques et/ou parce que moins vous les rémunérez, moins ils investiront chez vous. Or cette idée (un peu) reçue vient aujourd’hui se heurter à des mutations de fond parmi lesquelles deux sont clés :
Derrière ce débat sur la réorientation des profits, se profile un enjeu majeur qui sera déterminant pour accélérer la mutation vers un modèle plus durable : la remise en cause du capitalisme actionnarial et son déplacement vers un capitalisme des parties prenantes. Parties prenantes qui interrogent de plus en plus le sens du travail et les principes que se fixent les entreprises (et leur respect).
Au-delà du sujet taxation (qui est un outil), il existe donc un sujet plus structurant à préempter pour faire évoluer les modèles : le vrai sujet est de savoir à quoi et à qui les profits sont utiles, où l’entreprise a vocation à les réinvestir pour contribuer au bien commun et quelles sont les limites (éthiques ?) que doivent se fixer les actionnaires dans leur quête de retour sur investissement.